Crise alimentaire

Crise environnementale : Personne n’est prêt (2/5)

Crise environnementale : Personne n’est prêt (2/5)

Crise environnementale : Personne n’est prêt (2/5)

« Entre la démocratie et la barbarie, il n’y a que 5 repas »

Probablement Churchill

L’un des problèmes encore trop peu évoqué quand on parle de crise environnementale, c’est la sécurité alimentaire. En effet, le réchauffement climatique – entre autre chose – a pour effet un appauvrissement des récoltes et donc, in fine, des prix qui s’envolent dans le meilleur des cas (enfin, pour les personnes les plus aisées seulement) et une raréfaction des ressources et donc des pénuries dans le pire des cas, ayant pour effet une insécurité alimentaire.

Mais qu’est-ce que la sécurité alimentaire ?

La sécurité alimentaire c’est le fait d’avoir accès physiquement et financièrement à de la nourriture. Cette nourriture doit être en quantité suffisante, et évidemment saine et nutritive. D’après CSA (Le Comité de la Sécurité Alimentaire mondiale), la sécurité alimentaire d’une population est assurée en réunissant quatre critères :

  • La disponibilité (accessible physiquement de manière locale, nationale ou via importation)
  • L’accès (moyens physiques et financiers d’accéder à une nourriture saine)
  • L’utilisation (la population a les outils nécessaire et les connaissances suffisantes pour cuisiner)
  • La stabilité (la nourriture est régulière)

Si l’une de ces clauses n’est pas respectée, on entre en phase d’insécurité alimentaire.

Un rappel nécessaire des chiffres sur l’agriculture

Comme le rappel Juliette Nouel :

👉 80% environ de la déforestation sont liés à l’agriculture
👉 80% environ des terres agricoles mondiales sont consacrés à l’élevage ou aux plantes pour nourrir les animaux
👉 80% environ des calories de l’alimentation humaine viennent des plantes au niveau mondial

👉 Les pâturages utilisés pour produire de la viande de ruminants (boeuf, agneau) représentent les deux tiers de toutes les terres agricoles
👉 Les ruminants utilisent 20 fois plus de terres par gramme de protéines que les sources de protéines végétales

Si j’évoque ces chiffres, c’est parce qu’il est nécessaire de comprendre que le milieu agricole est à la fois la source du problème, et sa solution.

Pesticides, monocultures, engrais chimiques, cultures et élevages intensives, déforestation, usage déraisonné de l’eau… Les griefs de l’agriculture sont nombreux. Pourtant, bon nombre des agriculteurs souhaitent, à défaut d’en avoir la capacité, changer de modèle pour un monde plus soutenable. Cependant, les avancées sont maigres, et lors de la COP15 Biodiversité, dont vous trouverez un résumé ici, le mot « viande » n’est pas apparu une seule fois. Et l’agriculture étant fortement liée à la biodiversité, il est évident qu’un changement dans nos pratiques agricoles, notamment l’élevage, est recommandé (y compris par le GIEC). Et des changements, il va y en avoir.

Des changements forcés, dans la production agricole

Une trop forte pluviométrie ou à l’inverse des sécheresses, vont affecter les rendements agricoles. C’est le cas par exemple en Bolivie où la culture de pomme de terre est mise à mal par les sécheresses à répétition. Plus proche (c’est-à-dire en France), de nombreux éleveurs, agriculteurs, viticulteurs font état de situations similaires sur leurs récoltes. On peut citer un maraîcher à Herbeys, près de Grenoble qui a vu à cause de la chaleur caniculaire, ses potimarrons éclater :

Le métier de maraîcher, déjà difficile, est mis à mal par l’ensemble des crises environnementales actuelles (réchauffement climatique, pénurie d’eau, parasites…)

Une variabilité des récoltes

La variation des récoltes en qualité et en quantité d’une année à l’autre est évidemment aggravée par la crise actuelle. La France ne fait pas figure d’exception puisqu’elle subit également de plein fouet cette variabilité, via des vagues de chaleur précoces entraînant une perte de la production de céréales. Les évènements météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents comme les tempêtes, la grêle, ou les inondations, mais aussi des périodes longues de sécheresses génèrent une perte agricole croissante. Certains évènement d’ailleurs, comme la sécheresse nécessite une irrigation plus soutenue, aggravant elle-même d’autant plus la crise de l’eau que j’évoque déjà ici.

Les conséquences de cette variabilité sont évidemment une planification plus difficile pour l’ensemble du secteur, puisque des produits seront moins à même d’être disponibles ou alors en petite quantité, faisant s’envoler les prix… Et devinez quoi ? Ce seront encore les plus modestes qui trinqueront.

Espèces envahissantes & maladies

Dans le dernier rapport de l’IPBES sur les espèces exotiques envahissantes, que je détaille ici, il est évidemment question de ravageurs. Les hausses de températures partout sur le globe sont évidemment du pain béni pour de nombreuses espèces envahissantes, pouvant entraîner une destruction totale ou partielle d’un écosystème entier.

Dans le meilleur des cas, nous vivrons aux côtés de parasites inexistants dans nos régions il y a encore 50 ans, et dans le pire des cas… On peut envisager sans trembler des genoux que certaines cultures seront impossibles dans nos régions, à moins de les traiter de manière chimique, ce qui n’arrangera rien à nos petites affaires. Le frelon asiatique ou le moustique tigre sont de parfaits exemples de ravageurs s’étant acclimatés à nos régions tempérées.

Une pluviométrie abondante favorisera l’apparition de maladies fongiques et bactériennes affectant les plantes : Rouille, mildiou ou encore pourrissage des racines risquent d’être le quotidien de nombreux cultivateurs.

Disponibilité en eau

J’ai déjà évoqué le problème de l’eau ici mais un rappel rapide est nécessaire. La disponibilité en eau est régie par 4 éléments :

  • La diminution des réserves d’eau : L’évaporation et les usages déraisonnés
  • La variabilité des précipitations : Sécheresses et précipitations intenses
  • La fonte des glaciers : Baisse de la disponibilité d’eau douce à long terme dans certaines régions
  • La concurrence pour l’eau : L’industrie, les usages quotidiens… Sont aussi nécessiteux en eau

Migration des cultures

Certaines cultures, du fait des contraintes climatiques, vont devoir migrer vers des régions où les températures et précipitations seront plus favorables à leur développement, modifiant la répartition géographique des terres agricoles. Et si le vin de Bordeaux venait bientôt de Nantes ? 🙂

Evidemment, les agriculteurs sont en première ligne et seront contraints d’adapter leurs pratiques agricoles en conséquence, en cultivant des variétés de plante plus résistantes aux conditions climatiques du moment.

Cela va aussi avoir un impact sur la biodiversité, puisque si les espèces animales et végétales migrent, cela veut dire qu’il y a une redistribution des espèces. On peut donc craindre – et c’est déjà le cas – l’arrivée de nouveaux ravageurs.

En conséquence, l’économie locale peut s’en retrouver bousculé, et tout le système agro-alimentaire peut en pâtir, augmenter les risques d’insécurité alimentaire.

Une première mondiale : Un pays demande à ses citoyens de faire des stocks alimentaires

Le président du Tadjikistan a exhorté la population à constituer des réserves alimentaires pouvant aller jusqu’à deux ans, citant le dérèglement climatique comme une menace croissante pour la sécurité alimentaire du pays.

Avec un taux de malnutrition atteignant 30 % de ses 9 millions d’habitants, le Tadjikistan est confronté à une crise alimentaire persistante depuis de nombreuses années et ce, malgré des progrès dans ce domaine. Le président a encouragé la revitalisation de l’agriculture et la gestion efficace des ressources naturelles dans ce pays montagneux vulnérable aux effets du changement climatique.

Ce pays d’Asie centrale dépend largement des importations et de l’aide étrangère, et reste donc exposé aux perturbations extérieures telles que les conflits régionaux. (Comme la guerre en Ukraine…)

Le mot de la faim

La crise environnementale actuelle pose d’importants défis pour la sécurité alimentaire en France et dans le monde, compromettant la stabilité et la durabilité de l’approvisionnement. Ces défis se traduisent par une augmentation des pénuries alimentaires potentielles, des fluctuations des prix des denrées alimentaires sur les marchés et des difficultés économiques pour les agriculteurs.

Ces conséquences sont particulièrement préoccupantes alors que la population mondiale continue de croître et que les ressources naturelles se raréfient. Dans ce contexte, les manifestations internationales des agriculteurs mettent en lumière l’urgence et l’importance de trouver des solutions durables pour assurer la sécurité alimentaire à long terme.

Il devient donc impératif de repenser nos systèmes alimentaires, de promouvoir des pratiques agricoles résilientes et de renforcer les politiques visant à garantir un approvisionnement alimentaire stable et équitable pour tous.

Crédits photo

Photo de couverture : Un champ de blé dans l’oblast de Tchernihiv, au nord de Kiev, en 2019. (Anatolii Stepanov/AFP)

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