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Mayotte pénurie eau

Crise environnementale : Personne n’est prêt (1/5)

Crise environnementale : Personne n’est prêt (1/5)

Crise environnementale : Personne n’est prêt (1/5)

Si je vous disais que concernant la crise de l’eau, personne n’est prêt ?

Cette série d’articles m’a valu une grosse déprime qui a pris quelques semaines à s’estomper (bonjour l’eco-anxiété).

J’ai récupéré du contenu au fil des derniers mois pour alimenter le contenu ci-dessous et force est de constater qu’il n’est pas tout beau tout rose. Néanmoins, se voiler la face est inutile et il est urgent qu’un maximum de personnes prenne connaissance de ce qui risque d’arriver à plus ou moins brève échéance…

Comme le contenu est conséquent, j’ai découpé ça en une série d’articles, qui vont arriver petit à petit !

Constat

Des températures très élevées en Sibérie, New York qui suffoque à cause des fumées d’incendie de forêts du Canada, une hausse des températures record partout dans le monde, la banquise qui n’en fini plus de fondre, des sécheresses à répétition, l’eau des océans qui se réchauffe dangereusement, des dômes de chaleur à la chaine, une hausse des ouragans, des régions entières inondées… Les catastrophes n’en finissent plus et on se demande quand est-ce qu’on touchera le fond. Pire encore, les conflits armées se succèdent en Ukraine, en Palestine ou dans des régions devenues trop ennuyeuses pour qu’on en parle encore, comme en Arménie, en Afghanistan ou au Yémen.

Petit à petit, les êtres humains prennent (enfin !) conscience du drame en cours et pourtant, le climato-scepticisme, sans parler de l’inaction généralisée des gouvernements, continuent de ralentir le changement profond de nos façons de vivre.

Nous préférons couvrir l’actualités à coup de Céline Dion, de Kylian Mbappé ou d’Elon Musk, à coup de faits divers ou de déclarations politiciennes sans intérêts, plutôt que de voir la réalité en face, et pour cause : Elle fait mal à entendre. Remettre en question sa façon de vivre, c’est tout un travail intérieur qui nécessite avant toute chose, de prendre conscience de l’ampleur du problème pour mieux le combattre.

Depuis la COP1, nous avons émis plus de gaz à effet de serre sur Terre que durant les 75 années qui ont précédé ce cirque onusien.

« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs »

Jacques Chirac, 2002

Nous ne sommes pas prêts pour ce qui arrive. Même les personnes les plus avancées sur le chemin du changement systémique de nos modes de vie savent qu’elles subiront aussi les effets de la crise écologique et sociale en cours et à venir. Préférant faire l’autruche plutôt que de voir la réalité en face (nous empêchant de nous adapter), nous travaillons constamment dans l’urgence. Cela génère de nouveaux problèmes à chaque fois que nous mettons en place quelque chose. Nous subissons la maladaptation.

Mais justement, quels sont ces effets sur nos vies ?

Raréfaction de l’eau

Puisqu’il faut bien commencer par quelque chose, on va commencer par parler de la crise de l’eau. Nous évoquerons d’autres sujets (risques sanitaires, climat, biodiversité, alimentation, montée des eaux, social, finances…) dans les prochains articles de cette première série !

« Nous n’avons toujours pas compris l’ampleur du défi qui nous attend »

L’hydrologue Charlène Descollonges

Cette carte montre le stress hydrique (une demande en eau plus forte que la quantité disponible) au mois d’août 2023. Bien évidemment, le stress hydrique varie suivant la période de l’année, mais j’ai volontairement choisi un mois d’été pour illustrer mon propos. On trouve une carte avec des similitudes sur le site de BRGM :

Etat des nappes phréatiques en août 2023, France, BRGM

Comme le souligne l’hydrologue Charlène Descollonges lors d’une interview pour Novethic, L’hiver 2023 n’a pas permis la recharge effective des nappes. Egalement, l’été 2022 ayant été marqué par une sécheresse importante, la situation est devenue tendue dès début 2023 et les alertes des scientifiques et experts se sont multipliées.

Nous faisons face aujourd’hui à une succession de sécheresses qui affectent particulièrement les nappes. Nous les sollicitons beaucoup pour nos usages quotidiens mais également pour l’agriculture et pour le secteur industriel. Ces usages nécessitent une eau de qualité, et celle des nappes phréatiques est idéale pour ça. Néanmoins, nos usages déraisonnés font que les nappes ne se rechargent plus assez et, d’année en année, le risque d’une pénurie d’eau grandit.

Une nouvelle étude analysant des données satellites, fait état d’une raréfaction de l’eau douce en Europe et indique que « la situation des eaux souterraines, cachées des yeux de tous, est encore plus inquiétante », d’après l’hydrologue Jay Famiglietti, directeur de l’Institut mondial pour la sécurité de l’eau à l’Université de la Saskatchewan, au Canada.

Jay Famiglietti et ses collaborateurs ont analysé vingt ans de données issues des missions satellites GRACE. Cette collaboration entre les États-Unis et l’Allemagne a permis de déterminer les variations en eau douce des réserves du continent européen.

En prime, les scientifiques de la Commission européenne estiment que la sécheresse de 2022 a été la pire de ces 500 dernières années. Il n’est pas question ici de débattre sur l’origine (ou non) anthropique de ces sécheresses puisqu’importe la cause, les conséquences sont les mêmes et il va falloir s’adapter.

un dernier rappel me semble primordial, sur le fait que la 6ème limite planétaire a été franchie il y a quelques mois seulement, et elle concerne… Le cycle de l’eau douce. Pas de quoi être fier, donc. Bon Pote explique très bien ce que sont les limites planétaires ici.

Etat des limites planétaires, 2023, Bon Pote

Des départements français déjà touchés, et des sécheresses partout

Toutes les régions du monde sont touchées, et la France n’est pas exemptée de sécheresse. En première ligne ? Mayotte, dont vous trouverez des témoignages d’une habitante là, sur LinkedIn.

« deux jours sur trois, pas d’eau. La crise ne fait que commencer. ça, c’est notre stock pour tenir 48h avec 4 enfants. » – Camille Déchin-Hervouët, Mayotte, Septembre 2023

Plus loin, en Uruguay, le manque d’eau se fait tellement sentir que le gouvernement a autorisé les habitants à consommer de l’eau salée.

Ces trois dernières années, l’Uruguay a eu une pluviométrie très basse. Cumulé avec des températures plus élevées que la normale du fait du réchauffement climatique et une agriculture très demandeuse en eau, le pays traverse la sécheresse la plus grave qu’ait connue la région.

Le mauvais entretien des canalisations d’eau potable depuis des années n’arrange rien et entraîne des pertes de l’ordre de 50% (oui vous avez bien lu) de l’eau potable entre la station et le robinet.

L’Uruguay, c’est 3.5 millions d’habitants. C’est à la fois peu au regard de la population mondiale, et énorme tant le désastre en cours est important.

Le gouvernement a donc décidé de mélanger l’eau douce avec de l’eau salée, en attestant que l’eau était « buvable et consommable » (et non pas « potable »). L’agence de santé a ainsi dû augmenter les concentrations limites en sel dans l’eau – jusqu’à trois fois celles autorisées avant.

Mais qu’en pense la population ? Un goût désagréable, une hausse des diarrhées et des vomissements chez les enfants…

Cette situation augmente d’autant plus les injustices puisque seuls les riches peuvent se permettre d’acheter des bidons d’eau minérale ou d’acheter un filtre à eau coûtant plusieurs centaines d’euros : les personnes aux revenus modestes encore une fois se retrouvent dans la précarité, qui continue de s’accentuer.

Il est important de rappeler que l’Uruguay ne contribue que peu au réchauffement climatique, mais en paie déjà fortement les pots cassés

Des manifestants uruguayens réclamant des solutions de la part du gouvernement

Les conséquences d’une pénurie d’eau sont nombreuses

Tout d’abord, l’évidence : Pas d’eau, pas d’hydratation. On ne pourra pas s’alimenter en eau douce. Nous n’en sommes pas encore là, mais la raréfaction de l’eau va engendrer une baisse de la qualité de l’eau. Une nappe phréatique avec un niveau d’eau trop bas est sujette aux pollutions diverses.

Côté agriculture, il faudra transformer les pratiques de gré ou de force. Certaines cultures ne seront plus possibles et il faudra s’adapter. Le manque d’eau et les sécheresses à répétition vont continuer d’augmenter l’inflation sur certains produits alimentaires. Les croquettes des chiens et chats, constituées de viande et de céréales, vont également être concernées par la hausse de prix, déjà marquée ces derniers mois. Même le prix de l’eau augmentera. A Mayotte, l’eau oscille entre 6€ et 8€ le pack de 9 litres, alors qu’en France, un pack d’eau Cristalline est à 1.14€ les 9 litres.

Source : LinkedIn, Camille Déchin-Hervouët, habitante de Mayotte

Pour l’énergie, le nucléaire et l’hydraulique risquent d’être en berne du fait de la baisse de la quantité d’eau disponible. En effet, les centrales nucléaires ont besoin d’eau (pompée par exemple dans les rivières) pour refroidir les réacteurs. Les barrages hydro-électriques subiront eux aussi les conséquences du manque d’eau.

Certains secteurs industriels produisant du textile, du papier et des cartons seront les plus concernées par cette pénurie d’eau. Engendrant évidemment des problèmes ailleurs. (On peut imaginer une difficulté pour le secteur de l’expédition de colis et de courrier, les déménagements, les magasins de vêtements, l’impression sur papiers en entreprise…)

Le tourisme va être très impacté aussi. Les sports d’extérieur nécessitant l’arrosage de pelouses (golf, football…) seront concernés par des restrictions. Le tourisme des départements les plus à sec, risque de diminuer, et de se déplacer vers d’autres départements, créant un gros manque économique. De nombreux experts tablent sur une hausse du tourisme en Normandie et en Bretagne l’été. Les vacanciers souhaitant fuir les fortes chaleurs estivales vont venir chercher la fraîcheur du Nord et de l’Ouest de la France, plutôt que d’aller cuire sur la côte d’Azur.

La crise climatique va augmenter le nombre de réfugiés. Il est fort à parier que certaines entreprises, certaines cultures devront délocaliser vers une autre région à l’intérieur même du pays, pour s’adapter aux sécheresses. Enfin, une hausse des conflits est à prévoir puisque l’eau devient peu à peu une ressource rare.

Des (mauvaises) solutions partout, la sobriété nulle part

Usines de dessalement de l’eau de mer, mégabassines, retenues collinaires… plusieurs propositions sont mises en avant. Cependant, ces solutions donnent l’illusion qu’on aura des solutions à apporter dans le seul but de satisfaire nos besoins en eau. (Fonctionne aussi avec nos autres besoins , d’ailleurs…)

Comme le rappelle Charlène Descollonges, les solutions de stockage que sont les mégabassines ou les retenues d’eau sont « surtout des solutions de mal adaptation car on ne se tourne toujours pas vers des modèles de sobriété, plus résilients, et l’on aggrave la situation en perturbant encore plus le cycle naturel de l’eau. Et les solutions technologiques, comme la réutilisation des eaux usagées, peuvent par endroit être pertinents, mais ce n’est pas le cas des usines de dessalement, très énergivores, coûteuses et qui génèrent beaucoup de rejets toxiques pour les écosystèmes environnants. »

De nombreux militants, experts et scientifiques haussent le ton sur ces projets, comme ça a été le cas fin mars 2023 avec la mégabassine de Sainte-Soline, cristallisant le débat avec d’un côté la confédération paysanne, les soulèvements de la terre et d’autres militants et de l’autre, les lobby agricoles. Deux mondes irréconciliables, avec pour effet une hausse des tensions sur le sujet de l’eau. (comme évoquées plus haut)

Sans vouloir toujours critiquer les solutions proposées, il est important de connaître la notion d’effet rebond, engendrant des problématiques aussi graves ou même pires que l’original. S’adapter c’est bien, le faire correctement, c’est encore mieux.

Pour de véritables solutions, vous pouvez relire cet article : Sécheresses – causes, conséquences et solutions.

Se sortir de ce bourbier nécessitera des efforts conséquents

Cet article fait partie d’une série d’articles sur le thème de la crise environnementale et sur la nécessité de se préparer, sous peine de subir encore plus les changements à venir qui, pour la plupart, sont désormais immuables pour les décennies à venir.

La priorité est de revoir totalement notre relation avec le Vivant. Il conviendra aussi de penser « post-croissance » et sobriété : La fin de l’abondance, comme l’a évoqué Emmanuel Macron, est bien réelle.

Croire que la croissance, cette chimère néo-libéraliste, puisse être infinie est illusoire. On ne croît pas dans un monde à la place et aux ressources finies. De ce fait, il convient de ne plus se baser sur le PIB pour estimer la santé d’un pays afin de se sortir de cette course continuelle vers le profit, qui est l’une des causes profondes de notre mal-être personnel et sociétal. On peut se tourner vers le BIB (Bonheur Intérieur Brut) se référant au niveau de bonheur des citoyens, par exemple.

Enfin, restaurer le sens du bien commun, faisant le lien entre respect de l’Autre et respect de la nature, est primordial afin de ne pas répéter les erreurs passées.

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