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Les forêts à l’heure de la crise environnementale

Les forêts à l’heure de la crise environnementale

Les forêts à l’heure de la crise environnementale

Avant-propos

« Si l’arbre savait ce que lui réserve la hache, il ne lui fournirait pas le manche. »

Proverbe Africain

« Les forêts sont bien reconnues pour leurs multiples fonctions à l’avantage des sociétés humaines et pour la biodiversité qu’elles abritent. ».

GAUQUELIN T., Des arbres et des forêts, L’Harmattan, 2021, p. 25

En effet, que ce soit pour se nourrir, se loger ou encore se chauffer, les forêts ont toujours été une source de matériaux divers que l’espèce humaine a su transformer et utiliser pour ses différents usages. Mais à force de les exploiter, ces forêts se sont appauvries ou ont même complètement disparu.

Cet article n’a pas pour but de lister l’ensemble des problèmes et solutions possibles, mais de faire une liste non-exhaustive basée notamment sur des recherches littéraires.

Définition d’une forêt

Tout d’abord, définissons ce qu’est une « forêt ». Ce n’est pas une collection d’arbres vivants côte-à-côte. Il faut que les arbres appartiennent à des espèces diverses et être d’âges variés. Une plantation « monospécifique » ne peut et ne doit pas être considérée comme une réelle forêt. Il est également important de noter qu’une forêt a besoin de la faune, y compris la « grande faune » pour être considérée comme une forêt. En effet, les animaux font parties intégrantes de ce milieu. Cependant, la chasse ayant éliminé la plus grand partie de cette grande faune (Ours, loup…), il est important d’envisager la réintroduction de ces derniers afin de compléter nos forêts.

D’après la FAO (Food and Agriculture Organization, de l’ONU), une forêt peut être appelée ainsi lorsqu’il existe un couvert forestier, c’est-à-dire l’ensemble formée par les cimes des arbres d’une forêt, d’au moins 10% sur une surface d’au moins un demi hectare, que les arbres font au moins cinq mètres de haut et qu’il y ait une croissance ou une implantation naturelle.

Ces forêts recouvrent environ un quart de la surface terrestre du globe, bien qu’il existe de nombreuses « forêts » appelées « plantations industrielles ». On estime que trois millions d’hectares ont été plantés chaque année entre 2010 et 2020 afin de répondre à la forte demande de bois, pulpe, huile de palme ou fruits. (GONSTALLA E., Le livre de la forêt, tout ce que vous devez savoir en 50 infographies, plume de carotte, 2021, p. 13)

Les forêts sont depuis toujours étroitement liées au développement de la société humaine. Elles sont en effet utilisées, parfois très injustement, afin de lutter contre la pauvreté, comme lieu de spiritualité, elles fournissent de l’énergie et des matières premières comme le bois, le caoutchouc ou le papier. Elles permettent également l’emploi et sont un apport considérable dans la médecine : les substances extraites des plantes forestières fournissent la base de nombreux médicaments.

Indirectement, la forêt joue aussi un rôle primordial à la survie de l’espèce humaine. Elle produit de l’oxygène, absorbe du dioxyde de carbone, fourni des ressources alimentaires comme des fruits, des noix, des champignons ou encore du gibier. Elle protège les sols en les fortifiant grâce à leur réseau racinaire, ce qui réduit l’érosion des sols, elle protège également des côtes via les forêts de mangroves en cas d’érosion, de cyclones ou de crues et elles augmentent la disponibilité en eau pour les humains, les plantes et toutes les espèces vivantes.

Structure de la forêt

Une forêt se compose de cinq strates distinctes. La canopée, regroupant les espèces prédominantes et allant de quarante à cent mètres de haut. La strate arborée allant jusqu’à vingt-cinq mètres de haut. La strate arbustive, ne dépassant pas cinq mètres de haut. La strate herbacée, se limitant à un mètre de haut. Enfin, la strate muscinale d’une hauteur d’une vingtaine de centimètres, comprenant surtout de la mousse et du lichen.

Les dégradations potentielles à limiter ou éviter

Le changement climatique

Le changement climatique induit souvent de fortes sécheresses, générant de nombreux sous-problèmes : Déplacement des forêts (GAUQUELIN T., Des arbres et des forêts, L’Harmattan, 2021, p. 35), invasion d’insectes et développement de maladies, baisse de la diversité des espèces, réduction de la vitesse de pousse des arbres, assèchement du sol, augmentation du risque d’incendies…

Les espèces invasives et les maladies

Avec le dérèglement climatique et la sécheresse, on observe des déplacements de populations d’insectes ou simplement une prolifération de ces derniers, comme le bostryche qui ravage des millions d’hectares de forêt aux États-Unis et au Canada.

La déforestation

L’un des problèmes majeurs concernant les forêts est le défrichement pour laisser la place aux plantations industrielles. Elles n’ont aucune fonction dans l’écosystème ou la biodiversité, la FAO les classe donc dans la catégorie « plantation forestière ». Elles couvrent environ 3% de la surface forestière mondiale. (GONSTALLA E., Le livre de la forêt, tout ce que vous devez savoir en 50 infographies, plume de carotte, 2021, p. 13)

On pourrait également parler très longuement des coupes rases, une autre ignominie environnementale…

La chasse

Dans la plupart des forêts, il existe la possibilité d’une surabondance de certaines espèces. Bien souvent, ces espèces vont « sortir » de la forêt pour trouver un espace viable pour eux, ce qui peut engendrer des accidents de circulation, dans les cultures agricoles…

Les incendies

« La protection du site contre les feux devient une question essentielle du fait du dérèglement climatique actuel et de l’inquiétante multiplication des feux de forêts. »

HALLÉ F., Pour une forêt primaire en Europe de l’Ouest, Actes Sud, 2021, p. 38

En effet, le risque d’incendie est élevé, quant bien même le départ de feu est majoritairement d’origine humaine, volontaire ou non. Il est donc primordial d’envisager des solutions afin de réduire voire d’empêcher qu’une partie ou la totalité d’une forêt ne parte en fumée.

Le « bois mort »

Bien que ce soit parfois vu comme un « abandon » de la part du personnel forestier et malgré leur apparence parfois austère, le bois mort à terre est une abondante source de biodiversité, « fertilisant le sol avec les minéraux prélevés lors de la croissance des arbres et, surtout, en constituant le point de départ des chaînes alimentaires qui, dans l’avenir, donneront à la forêt sa biodiversité animale. » (EMBERGER C., LARRIEU L., GONIN P., Les bois morts et vieux ou gros arbres en forêt : quels atouts pour le forestier ? », Séminaire à Saint-Brisson, 27 novembre 2018 et HALLÉ F., Pour une forêt primaire en Europe de l’Ouest, Actes Sud, 2021, p. 39)

Le tourisme

L’intérêt d’une forêt, outre la préservation de la biodiversité ou l’apport d’oxygène et l’absorption de CO2, est évidemment l’éducation du public. Le tourisme en forêt pose problème pour quatre raisons : l’arrachage, le piétinement, le dérangement des espèces et les déchets. Au fil des siècles, nous nous sommes éloignés de la nature à tel point que nous ne la voyons plus que comme une ressource. Il est donc urgent aujourd’hui de se recentrer sur le Vivant. Une forêt a un rôle majeur à jouer dans le système éducatif.

« Il s’agit aussi de satisfaire les besoins de nature intacte et de méditation qu’expriment de plus en plus de membres de la société contemporaine. »

HALLÉ F., Pour une forêt primaire en Europe de l’Ouest, Actes Sud, 2021, p. 39

Les déchets

Avec le tourisme arrive évidemment la question des déchets. Lorsqu’on marche en forêt, il n’est pas rare de trouver du plastique, du carton ou encore du papier dans un bosquet, au pied d’un arbre ou simplement dans le chemin.

Les solutions que vous pouvez apporter pour les limiter

Contre les incendies

Pas de clôture à proprement parler mais un pare-feu soigneusement entretenu couplé à une zone « tampon » d’épaisseur suffisante. Cette zone devra entourer l’entièreté de la forêt gérée durablement. On peut envisager, outre la sensibilisation, l’éclaircissage et le brûlage dirigé pour limiter ou empêcher les feux de forêt. À titre indicatif, environ 96 % des incendies de forêt sont d’origine humaine (GONSTALLA E., Le livre de la forêt, tout ce que vous devez savoir en 50 infographies, plume de carotte, 2021, p. 27), et les feux de forêts sont exacerbés par le réchauffement climatique du fait d’une pluviométrie changeante et des sécheresses à répétition.

Il est aussi important de remplacer les monocultures par un mélange de plusieurs essences, afin d’améliorer les chances de survie des plantations d’arbre. Afin d’assurer également sa réjuvénation naturelle, c’est-à-dire son rajeunissement, sa renaissance, il est important de déterminer si la forêt possède assez de graines, pousses et jeunes arbres pour assurer la relève.

Contre la pollution de l’eau ou son assèchement

On peut mettre en place des infrastructures de drainage sous les routes forestières afin d’empêcher la contamination des cours d’eau susceptible de se produire lorsque la construction des routes affecte le ruissellement des eaux pluviales. Également, il est important de lutter contre les défrichements qui assèchent le sol et les cours d’eau environnants. (GONSTALLA E., Le livre de la forêt, tout ce que vous devez savoir en 50 infographies, plume de carotte,2021, p. 98)

Contre la surabondance de certaines espèces

Il est possible d’imaginer deux solutions. La première, la chasse par l’humain permettrait de réduire la faune excédentaire, tant que cette dernière n’est pas liée à de l’élevage de « gibier de chasse ». La seconde, plus lente, consisterait à réintégrer des prédateurs naturels afin que certaines espèces ne prolifèrent pas trop. Parmi ces prédateurs naturels, on compte l’ours, le loup, le renard, le lynx…

Contre le piétinement lié au tourisme

Il peut être envisagé à minima de prévoir des sentiers de « randonnées » délimités par un cordon métallique de part et d’autres du chemin, comme c’est souvent le cas le long du littoral français afin d’y préserver la flore locale.

Une autre solution serait de marcher sur « un réseau de cheminements en bois à trente centimètres de hauteur, sans jamais mettre le pied au sol. » (HALLÉ F., Pour une forêt primaire en Europe de l’Ouest, Actes Sud, 2021, p. 40)

En effet, piétiner le sol meuble d’une forêt peut étouffer les racines et tuer les arbres bordant le chemin.

Enfin, il est possible d’envisager des « bulles des cimes », inventées par l’aéronaute Dany Cleyet-Marrel, qui a permis l’exploration biologique des canopées forestières tropicales. Ces ballons gonflés à l’hélium glissent le long d’un câble tendu au préalable sur la cime des arbres.

L’installation de poubelles le long des chemins de randonnées afin d’y déposer ses déchets ainsi qu’une sensibilisation auprès des touristes est aussi à envisager.

La migration assistée

Les forêts multi-essences ont une forte capacité d’adaptation de par leur diversité génétique. Même si, au fil des millénaires, les forêts se sont adaptées aux hausses et baisses de températures, nous pouvons accompagner la migration dans certains cas. On appelle ce procédé « migration assistée ».

« Planter en région méditerranéenne française des chênes provenant d’Andalousie ou planter dans les Vosges des sapins venant de populations pyrénéennes mieux adaptées à la sécheresse ».

GAUQUELIN T., Des arbres et des forêts, L’Harmattan, 2021, p. 117

Cette migration assistée permettrait de renforcer nos forêts afin de les rendre plus résistantes au réchauffement climatique.

Le reboisement

Suivant la temporalité et le coût financier, on peut envisager trois types de reboisement : La renaturation, c’est-à-dire le processus par lequel les espèces vivantes recolonisent spontanément un milieu ayant subi des perturbations écologiques, la semence directe en plantant des graines de différentes essences d’arbres, ou encore la plantation de jeunes arbres précédemment cultivés.

Contre le réchauffement climatique, la règle du « quatre pour mille (4 / 1000) »

Créé par Jérôme Balesdent, « cette initiative vise à augmenter à l’échelle mondiale la teneur en carbone organique des sols de 4 pour 1000 par an afin de compenser le plus possible nos émissions de gaz à effet de serre ». (GAUQUELIN T., Des arbres et des forêts, L’Harmattan, 2021, p. 141)

La législation

L’article L122-1 du code forestier évoque la nécessite de veiller :

  • à l’adaptation des essences forestières en prenant en compte le changement climatique,
  • à l’optimisation du stockage de carbone dans les bois et forêts en vu de l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050 comme l’énonce l’article L100-4 du code de l’énergie,
  • au maintien de l’équilibre de la biodiversité,
  • à la régénération des peuplements forestiers,
  • à la satisfaction des besoins de l’industrie du bois,
  • un renforcement de la compétitivité et de la durabilité des filières d’utilisation du bois,
  • au développement des territoires,
  • au financement de la recherche afin d’anticiper les risques et les crises, etc.

Cette politique forestière a pour vocation d’assurer la gestion durable tout en combinant les facteurs écologiques, sociales et économiques des bois et forêts. (LEGIFRANCE, Titre II : politique forestière et gestion durable)

Il est important d’une part d’appliquer cet article ainsi que d’autres en vigueur comme l’article L121-2 et L121-2-1 et d’autre part de continuer à légiférer pour protéger toujours plus les milieux forestiers qui, malgré une gestion dite « durable », continuent à souffrir de l’exploitation humaine et du changement climatique.

La sensibilisation

Concernant le tourisme, il est évidemment primordial d’éduquer la population par le biais de signalétiques variées, que ce soit pour indiquer les chemins à suivre ou pour expliquer ce qu’est une forêt, comment elle vit, quels animaux s’y trouvent, etc. Dans le but de préserver les lieux de toute pollution d’origine humaine et d’éveiller les consciences.

Conclusion

Les forêts constituent un incroyable lieu plein de biodiversité, permettant de lutter activement contre le réchauffement climatique mais aussi l’érosion des sols, protégeant les côtes, fournissant l’oxygène nécessaire à la vie sur Terre et, bien évidemment, constituant un lieu regorgeant de ressources pour l’être humain.

Cependant, il est urgent de revoir nos usages à l’heure où l’adaptation au changement climatique doit être une priorité. En effet, d’une part il est nécessaire d’adapter les forêts aux crises environnementales en cours et à venir et d’autre part, il est nécessaire que nous, êtres humains, s’adaptions à nos forêts et pas l’inverse.

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