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L'écologie peut-elle être de droite couverture

L’écologie peut-elle être de droite ?

L’écologie peut-elle être de droite ?

L’écologie peut-elle être de droite ?

Avant-propos

Cette article est forcément politique et fait suite, à tête reposée, au débat qu’il y a eu entre Jordan Bardella (RN) et le journaliste écologiste Hugo Clément. Néanmoins, il sera traité ici de manière la plus objective possible en évoquant des faits, que ce soit des propos ou des actes de la part de politiques de droite et d’extrême-droite, afin de répondre à la fameuse question « L’écologie peut-elle être de droite ? ».

Mais pourquoi cette question ?

Récemment, Hugo Clément s’est livré à l’exercice périlleux d’aller parler d’écologie à l’extrême-droite au Grand débat des valeurs, organisé par Valeurs Actuelles, et non pas Malheurs Actuels (même si ça aurait été plus drôle). Il a notamment fait face à Jordan Bardella, président du Rassemblement National.

Hugo Clément, que l’on peut qualifier sans trop s’avancer de très bon journaliste, s’est retrouvé à subir des remarques jusque dans le camp des écologistes, qui y voit une récupération politique de la part de la droite et surtout, de l’extrême-droite.

Je me suis donc dis qu’il fallait décortiquer un peu plus la situation, en essayant d’une part d’être objectif et d’autre part, d’être factuel. Une chose est certaine, et je l’explique plus bas, il est impensable de séparer écologie et justice sociale, tant les deux sont étroitement liés.

L’écologie à droite, ça consiste en quoi ?

Du Rassemblement National à Reconquête, en passant par Les Républicains, chaque parti politique de droite y va de ses effets d’annonce pour tenter de gratter les voix des quelques écolos un peu trop perdus pour savoir pour qui voter…

Une chose est sûr : À droite comme à l’extrême-droite, on est contre l’écologie dite « punitive », on fustige les  « eco-terroristes », les  « khmers verts » et autres  « ayatollah de l’écologie », sans oublier le magistral  « taliban de la verdure » de Marine Le Pen.

Côté Rassemblement national justement, le programme pour 2022 était de freiner notre sortie des énergies fossiles, l’oubli de la biodiversité, ne traite aucunement des causes structurelles de la crise environnementale dont nous faisons face et, en prime, saupoudre le tout de greenwashing.

Pour ce qui est de Reconquête, le parti politique d’Éric Zemmour, ce n’est guère mieux. Comme pour le RN, on oublie la biodiversité, on freine la sortie du fossile et on ne remet aucunement en cause les causes structurelles de notre société. Pire encore, on associe racisme, xénophobie et écologie : Le fameux fantasme du « Grand Remplacement », dont il veut nous protéger, afin de laisser les « paysages français » aux franco-français pure souche. Également, Reconquête prône le techno-solutionnisme, dont les dérives et les mirages ne sont plus à prouver. Enfin, ce parti politique remet clairement en cause l’impact environnemental de la France (y compris sa responsabilité historique, qui va plus loin que le fameux « La France c’est que 1% des émissions de gaz à effet de serre ». Zemmour comme Zéro pointé pour l’écologie.

Enfin, Les Républicains portés par Valérie Pécresse, défend une « écologie de l’espoir », aux antipodes de la traditionnelle « écologie punitive » qu’elle brandit également à tord et à travers. Techno-solutionniste, notamment côté agriculture, elle prône également une suppression de nombreuses normes afin de continuer à produire toujours plus sans tenir compte de l’impact environnemental. Au final, ce sont surtout des paroles creuses et de fausses promesses, sur fond de démagogie (comme Marine Le Pen et Éric Zemmour) en jouant le couplet « punitif » de l’écologie.

Côté justice sociale

La droite ne s’est jamais trop démarqué, surtout l’extrême-droite, concernant l’égalité des droits et plus généralement, la justice sociale. On se rappelle le vote du mariage pour tous en 2013, qui a vu bon nombre de personnalités de droite ayant voté contre, dont Valérie Pécresse à l’époque – même si elle a admis depuis avoir réfléchi et changé d’avis sur la question depuis – et démontrant une homophobie à peine camouflée à droite de l’échiquier politique.

Source photo : Françoit Guillot / AFP

Côté personnalité de droite, encore aujourd’hui, on retrouve Thierry Mariani (LR puis RN), Laurent Wauquiez (LR) ou encore Gilbert Collard (proche de Marine Le Pen puis de Zemmour et membre de Reconquête) et bien d’autres, se positionnant encore contre le mariage homosexuel.

Vous allez me dire « mais pourquoi part-il en roue libre sur le mariage pour tous alors qu’on parlait d’écologie ? », j’y viens.

Les femmes et la communauté LGBTQI+, grands perdants du climat

Il ne peut pas y avoir de réel programme écologique, sans justice sociale. Vous ne me croyez pas ? Lisez la suite.

Une récente étude de The Lancet (2022, en anglais) estime que les catastrophes naturelles augmentent drastiquement les violences basées sur le genre (femme et communauté LGBTQI+). Or, on sait de source scientifique que le réchauffement climatique exacerbe bon nombre de phénomènes naturels.

Cela corrobore parfaitement la hausse de violence observée ces 20 dernières années après le passage de certains ouragans par exemple, comme Katrina en 2005 qui a fait plus de 2000 morts à la Nouvelle-Orléans aux USA.

Dans les 6 mois qui ont suivi, et du fait de l’extrême pauvreté, des maisons inhabitées et des forces de l’ordre en sous-effectif, on a observé une hausse de 45% des agressions sexuelles, sans parler de la hausse des vols et des meurtres de plusieurs dizaines de pourcentage par rapport à l’avant-Katrina.

Le tremblement de terre de Canterbury en Nouvelle-Zélande en 2011 a aussi généré une hausse dramatique de cas de violences conjugales.

Cette étude révèle en réalité que les violences envers les femmes et les minorités ne sont pas dues à certaines catastrophes naturelles (exacerbées par le réchauffement climatique) mais à l’instabilité générée par ces dernières.

Donc lorsqu’il survient une catastrophe naturelle, dans n’importe quelle région du monde, dites-vous bien une chose : Il ne fait pas bon être une femme, ou un membre d’une communauté subissant une oppression. Et comme ces catastrophes naturelles surviennent plus souvent du fait de la hausse rapide du réchauffement climatique du fait des activités humaines, on ne peut que comprendre que les décennies à venir vont avoir leur lot de hausse de violences sur les femmes et minorités.

Dans mon article intitulé « Faut-il être féministe pour être écolo ? », je faisais un état des lieux dramatiques de la situation des femmes en France (que l’on peut étendre au monde entier). J’y faisais également un lien direct entre patriarcat et destruction de l’environnement. Je vous invite à le lire si ce n’est pas déjà fait.

L’épineuse question de l’immigration

Au Pakistan, en août 2022, des pluies diluviennes ont plongé un tiers du pays sous l’eau et contraint des millions de personnes à abandonner leurs foyers.

Aux Philippines en 2021, à cause d’événements comme le Typhon Rai, plus de 5 millions de déplacements forcés ont été enregistré.

Dans de nombreuses régions du monde, du fait de la guerre, de la famine ou encore de la sécheresse, des populations tentent de trouver une vie meilleure ailleurs. En général, on ne quitte pas un pays pour le fun, en quittant sa famille, ses racines, sa culture.

Ces personnes sont rarement des occidentaux, et pour cause : leurs régions sont plus souvent touchées par des inégalités de tout bord et ont en général bien moins contribué au réchauffement climatique que l’Europe, la Chine ou les USA.

Ci-dessous, deux cartes issues d’un rapport de l’OFCE de 2020. La première indique la contribution des émissions aux impacts à venir. Une valeur supérieure à 1 signifie qu’un pays est relativement plus responsable du réchauffement climatique qu’il n’en subira les impacts. La seconde permet de rapporter l’augmentation de température à venir par rapport à la variabilité historique observée dans le pays, et renseigne sur la sensibilité au changement climatique.

On constate que les pays les moins responsables du réchauffement climatique sont bien souvent également ceux qui le subiront de plein fouet sur le plan humain mais également économique : en plus d’être un pays aux revenus parfois très modestes, ils vont devoir (re)construire derrière une catastrophe naturelle ou simplement pour s’adapter.

Dans mon résumé de la COP27 ici, je parle des « pertes & dommages », un concept permettant aux pays du « nord » (pour la plupart) de rembourser les pays du « sud » : Un premier pas – insuffisant certes mais quand même – vers plus de justice sociale.

Mais qu’est-ce que les pertes & dommages ?

On le sait, les pays de l’hémisphère Sud sont souvent les plus touchés par le réchauffement climatique, et en parallèle, les moins responsables de ce réchauffement. Il serait donc logique que les pays du Nord financent les réparations et les frais d’adaptation des pays souffrant de la crise climatique.

Les pays du Nord ont toujours bloqué les négociations sur ce fond de soutien. L’avancée est historique, puisqu’un accord a ENFIN été trouvé lors de la COP27.

Les détails de ce plan de financement doivent être évoqué courant 2023.

Conclusion : Veut-on vraiment une droite écologique ?

Est-ce acceptable de vouloir un parti politique qui laisse mourir des gens en méditerranée et en parallèle voudrait sauver des dauphins, comme le rappelle Paloma Moritz sur Instagram ?

Est-ce acceptable d’imaginer un monde où on voudrait sauver l’humanité d’une catastrophe écologique sans précédent, tout en continuer la haine envers les personnes racisées ? Ou en refusant que les personnes LGBTQI+ aient les mêmes droits que les autres ?

Est-ce acceptable mais surtout, est-ce cohérent ?

La question mérite d’être posée.

Il n’est pas question ici de dire « doit-on débattre avec la droite ? ». Bien sûr, on peut toujours débattre avec la droite, il y a fort à parier qu’elle ne changera pas d’avis sur ces questions de toute façon tant qu’il n’y aura pas de changement systémique au sein des partis politiques composant la droite.

Il s’agit plutôt d’affirmer qu’il n’y aura jamais de réelle écologie à droite, tant que cette dernière sera la droite que l’on connait : inégalitaire, conservatrice et rétrograde sur le plan social.

Je le répète encore : « Il ne peut pas y avoir d’écologie sans justice sociale », et toute personne prétendant le contraire se trompe lourdement. Je vous invite donc à vous documenter sur les inégalités, et à commencer à lutter contre. Vous savez ? Le fameux « wokisme »…

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« L’écologie sans justice sociale, c’est du jardinage. »