Médias : Couvrir la crise environnementale n’est plus une option
Août 2021. Lionel Messi arrive au PSG, dans la liesse générale, et les médias ne parlent que de ça. La même semaine sortait le premier volet du 6ème rapport du GIEC, qui n’a pas eu le même succès.
En 2022, la crise écologique occupait en moyenne moins de 3% de l’espace médiatique d’après le baromètre « L’affaire du siècle ».
Seules 18 minutes ont été dédiés à la transition énergétique (même pas écologique) lors du débat de l’entre-deux tours des présidentielles de 2022.
Seuls 11% des Français déclarent se sentir « tout à fait » informés sur le changement climatique tandis que 80% sont inquiets à ce sujet, d’après QuotaClimat.
Opinion vs fait scientifique
L’écologie n’est pas un débat d’opinion, la traiter comme tel dans les médias dessert la cause.
Philippe Grandcolas, directeur de recherche au CNRS, Directeur Adjoint Scientifique de l’Institut Ecologie et Environnement du CNRS – INEE
Le réchauffement climatique d’origine anthropique fait consensus au sein de la communauté mondiale, il est donc important que ce sujet soit traité correctement par les médias : inviter un climato-sceptique sur un plateau TV ou dans les colonnes d’un journal n’est pas « ouvrir le débat », mais dangereux, surtout quand en face il n’y a pas de scientifique pour réfuter les fake news colportés par ces charlatans qui ne cherchent que l’inaction afin de protéger leurs intérêts.
Le choix des mots et de l’image
Non, les images d’enfants sous des jets d’eau n’ont rien à faire dans les reportages traitant de la canicule dans un journal télévisé, ni en Une des journaux papiers. Il n’est pas normal de voir les gens dire que c’est appréciable de pouvoir se baigner, ou de voir des enfants manger une glace pour se rafraîchir.
Il est grand temps que les médias traitent l’information réellement, et pas seulement en associant « forte chaleur » à « des enfants qui s’amusent », « des gens qui bronzent à la plage », « des gens qui font des barbecues ».
Les températures actuelles sont ANORMALES pour la saison, contrairement à ce qu’avance le Ministre des pesticides Marc Fesneau, et ce sera de plus en plus régulier et intense au fil des années.
J’assistais mercredi 19 Juillet à l’Assemblée Nationale au lancement du groupe de travail transpartisan pour une proposition de loi relative à la responsabilité des médias dans le traitement des enjeux environnementaux. Valérie Masson-Delmotte, exceptionnelle paléoclimatologue, directrice de recherche au CEA et coprésidente du groupe n°1 du GIEC AR6, nous a prévenu : L’été 2022, qui a été dramatique tant par l’intensité de la chaleur, des sécheresses et des incendies, risque d’être un été « moyen » à l’avenir.
Il faut sensibiliser correctement le « grand public » aux grandes heures d’écoutes ainsi que dans les journaux nationaux principaux, en pointant des images de la réalité :
– Des seniors qui meurent dans des EHPAD
– Des animaux qui meurent dehors (en France comme partout dans le monde)
– Des nappes phréatiques desséchées
– Des sols craquelés
– Des forêts qui meurent dans l’indifférence totale
– Des agriculteurs qui perdent leur récolte
– Des bâtiments, des ponts, des routes fissurées
Car non, la canicule ne rime pas avec :
– Plage
– Piscine
– Barbecue
– Cornet de glace
– Joie
– Amusement
C’est TRÈS grave, les dômes de chaleur qui surviennent depuis l’année dernière un peu partout dans le monde génèrent de nombreux décès, sans parler de l’impact environnemental.
Il est temps de dire STOP à ce festival de désinformation, de voir des articles fleurir sur « Quel impact la canicule aura sur l’agriculture ? », « Quel impact la canicule aura sur les nappes phréatiques et l’eau potable ? », plutôt que « Sarthe : Belle affluence à Coco Plage pour échapper à la canicule » ou encore « Canicule : où piquer une tête cette semaine ? » Des mots doux, positifs mais qui ne reflètent en rien la réalité.
Et histoire de proposer du contenu, le fabuleux Climate Visuals propose des tas de photos pour RÉELLEMENT illustrer la crise environnementale et humaine.
Être positif
Comme le soulignait à l’Assemblée Nationale Célia Gautier, il faut absolument que les médias, lorsqu’ils évoquent une situation dramatique, proposent des alternatives – parce qu’il y en a des milliers – afin d’embarquer les téléspectateurs dans le mouvement. Le désintérêt notable de la population pour l’écologie est un red flag pour la transition, il s’agit donc également d’inverser la tendance.
Cependant, il faut noter qu’avec l’arrivée du numérique, les médias ont subit une énorme transformation dans leurs habitudes et leurs usages, et ils sont bien souvent limités financièrement. (C’est d’ailleurs bien souvent pour ça que des milliardaires les rachètent…)
Une solution ?
Soutenir ces médias, et évidemment privilégier les médias indépendants car une information de qualité, ça coûte cher. Et ce n’est pas moi qui le dit, mais Anne-Sophie Novel, journaliste et initiatrice avec Vert, le média, de la charte déontologique pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique et également présente lors des tables rondes le jour du lancement de cette proposition de loi transpartisane.
Vous pouvez d’ailleurs soutenir ce média, On Va Tous Mûrir, ici => SOUTENIR LE MÉDIA.
Les captures d’écran avec un pouce bleu sont fictives, je les ai faites moi-même l’année dernière.
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