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Remettre la biodiversité au centre du combat

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Remettre la biodiversité au centre du combat

Edito

Cet article a été rédigé par l’excellente Gabrielle Piot qui sera probablement une des autrices récurrentes de ce média. Elle est consultante en économie circulaire mais aussi fresqueuse, animatrice 2tonnes et tout un tas d’autres choses géniales. Je vous recommande de la suivre sur LinkedIn ! 😉

Show your bio stripes

Ces rayures peuvent vous en rappeler d’autres : les rayures bleues et rouges du climat. En 2018, le climatologue Ed Hawkins a mis au point cette séquence de rayures pour représenter en couleur l’écart de température par rapport à la normale de 1772 à 2017 [Figure 1] (Hawkins, 2021).

Figure 1: Climate stripes de 1772 à 2017, changement des températures globales..

Mondialement connues, elles ont même fait la couverture de The Economist en 2019. S’en inspirant, Miles Richardson a représenté les rayures de la biodiversité pour représenter l’extinction massive et la disparition des espèces. Derrière cette représentation artistique, se cache un objectif bien précis : sensibiliser à la perte de la biodiversité, un sujet au moins 8 fois moins mentionné que le changement climatique dans les médias (Legagneux et al., 2018), alors que sa frontière est bien plus dépassée que celle du changement climatique [Figure 2] (Prados, 2022).

En effet, le constat semble arriver plus tard, le lien avec les sociétés humaines semble moins évident, ainsi les conséquences semblent moins graves que pour le changement climatique. Cependant, l’OMS précise que « la perte de biodiversité peut avoir des impacts directs importants sur la santé humaine si les services écosystémiques ne permettent plus de répondre aux besoins sociaux. Indirectement, les modifications des services écosystémiques affectent les moyens de subsistance, les revenus, les migrations locales et, à l’occasion, peuvent même provoquer ou exacerber des conflits politiques » (OMS, 2015). Or, aujourd’hui, nous nous enfonçons toujours plus dans la perte de biodiversité, principalement causée par l’homme, sans même envisager les conséquences pour nos sociétés.

Les preuves sont claires : selon l’indice Planète vivante 2020, l’abondance moyenne des populations d’espèces a diminué de 68 % depuis 1970 (Zoological Society of London, 2022). L’IPBES parle d’un million d’espèces menacées d’extinction (Purvis, nd) et de nombreux scientifiques parlent d’entrer bientôt dans la 6ème extinction de masse.

La représentation des bandes biologiques met en évidence la caractéristique la plus importante de cette extinction de masse : son rythme extrêmement rapide. En effet, ces bandes s’étendent sur moins de 50 ans, entre 1972 et 2016, et montrent un taux d’extinction « 100 à 1 000 fois supérieur à celui calculé sur les temps géologiques » (Algrain, 2022).

Cependant, en ne s’attaquant qu’au climat, ou presque, on oublie les huit autres frontières planétaires (Wang-Erlandsson et al., 2022). La frontière climatique a peut-être été dépassée, mais ce n’est pas celle qui a été le plus repoussée. En effet, la frontière de la biodiversité est beaucoup plus préoccupante, et elle est encore accentuée par le changement climatique.

Figure 2: Les limites planétaires (Wang-Erlandsson et al., 2022).

Néanmoins, le changement climatique n’est que la troisième cause de perte de biodiversité (suivie par la pollution et la prolifération d’espèces invasives). Les deux premières causes, qui représentent plus de la moitié des effets, sont d’abord la destruction des habitats (75% de la surface de la terre a été altérée par l’homme) et la surexploitation des ressources (sauf pour les espèces marines, où la surexploitation est la première cause). Au total, 28 % des espèces suivies sont menacées, avec moins d’espèces et moins d’individus par espèce (La Fresque de la biodiversité, 2022 ; IPBES, 2019).

Cependant, toutes les espèces ne sont pas également menacées d’extinction : environ 41% des amphibiens sont menacés, 26% des mammifères, 37% des requins, 34% des conifères, 33% des coraux, 14% des oiseaux, etc. C’est pourquoi Richardson s’est, par exemple, concentré sur les poissons pour montrer le fort déclin des espèces marines en quelques décennies [Figure 3] (Prados, 2022).

Figure 3: Les stripes de la biodiversité marine.

Maintenant que nous le savons, que pouvons-nous faire en tant qu’individus ?

– S’informer est la chose la plus importante, pour avoir en tête les ordres de grandeur, pour savoir sur quelles actions concentrer notre énergie et notre temps.

– Lutter contre l’utilisation des terres et la destruction des écosystèmes, notamment par l’artificialisation des terres, est primordial.

– Végétaliser notre régime alimentaire, pour 2 raisons principales. La première est que l’élevage est responsable d’une grande partie de la déforestation et de l’artificialisation des sols, et est donc responsable de la destruction des habitats, première cause de perte de biodiversité. La seconde raison est que la biodiversité marine souffre principalement de la surexploitation des ressources : les dauphins meurent beaucoup plus des by-catch (prises accessoires) de la pêche, que de la chasse en Asie par exemple (Seaspiracy, 2021).

– Reprendre contact avec la nature, car nous sommes beaucoup plus sensibles lorsque nous regardons et apprenons à connaître les êtres vivants qui meurent à cause de nos activités.

La Fresque de la biodiversité (La Fresque de la biodiversité, 2022 ; IPBES 2019) ajoute également ces 4 pistes d’action :

– Réduire la pression sur les 5 principales causes de perte de biodiversité.

– Recréer les conditions de vie, en raisonnant en termes d’abri et de couvert.

– Contribuer à la connaissance de la biodiversité, notamment par les sciences participatives.

– S’émerveiller !

Pour ce dernier point en particulier, sachez que l’on estime qu’il y a plus de 5 millions d’espèces sur Terre, mais que seulement 2 millions sont connues et moins de 150 000 sont étudiées. La beauté et l’immensité de la biodiversité ne concernent pas seulement les humains, ni même les quelques espèces que vous avez vues dans un zoo. La diversité des espèces sur Terre dépasse l’imagination humaine, et nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour la préserver.

Mon opinion personnelle sur ces biostripes est qu’elles ont encore plus d’impact que les rayures climatiques, car elles s’estompent et montrent un monde qui perd ses couleurs et se meurt. Les humains font partie du Vivant et ne réalisent pas que si le Vivant meurt, ils meurent avec lui. Pourtant, nous connaissons maintenant les faits, et nous savons comment agir : s’éduquer et sensibiliser autour de soi sont les premiers pas pour changer le monde et lutter pour la préservation de la Vie.

Références

ALGRAIN S., 2022. [LinkedIn] August 2022 [viewed 17 August 2022] Available from: https://www.linkedin.com/posts/stacy-algrain_showyourstripes-activity-6965617173666873344-jgU4?utm_source=linkedin_share&utm_medium=member_desktop_web (French)

HAWKINS, 2021. Show your stripes [online] University of reading [viewed 17 August 2022] Available from: https://showyourstripes.info/s/globe

La fresque de la biodiversité, 2022. [viewed 13 December 2021] Available from : https://www.fresquedelabiodiversite.org/ (French)

LEGAGNEUX P., CASAJUS N., CAZELLES K., CHEVALLIER C., CHEVRINAIS M., GUERY L., JACQUET C., JAFFRE M., NAUD M.J., NOISETTE F., ROPARS P., VISSAULT S., ARCHAMBAULT P., BETY J., BERTEAUX D., GRAVEL D., 2018. Our House Is Burning: Discrepancy in Climate Change vs. Biodiversity Coverage in the Media as Compared to Scientific Literature. Frontiers in Ecology and Evolution [online] 5 [viewed 17 August 2022] Available from: https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fevo.2017.00175

OUR WORLD IN DATA, 2019. Average temperature anomaly, global. [online] Our World in data [viewed 19 August 2022] Available from: https://ourworldindata.org/grapher/temperature-anomaly?country=~Global

PRADOS J., 2022. À l’image des « bandes du réchauffement climatique », un nouvel outil pour mieux (se) représenter l’effondrement du vivant [Like the « global warming stripes », a new tool to better represent the collapse of life] [online] Vert [viewed 17 August 2022] Available from : https://vert.eco/articles/a-limage-des-bandes-du-rechauffement-climatique-un-nouvel-outil-pour-mieux-se-representer-leffondrement-de-la-biodiversite

PURVIS A., nd. A million threatened species? Thirteen questions and answers [online] IPBES [viewed 17 August 2022] Available from: https://ipbes.net/news/million-threatened-species-thirteen-questions-answers

SEASPIRACY, 2021. [Netflix] Available from: https://www.seaspiracy.org/

WANG-ERLANDSSON, L., TOBIAN, A., VAN DER ENT, R. J., FETZER, I., TE WIERIK, S., PORKKA, M., STAAL, A., JARAMILLO, F., DAHLMANN, H., SINGH, C., GREVE, P., GERTEN, D., KEYS, P.W., GLEESON, T, CORNELL, S. E., STEFFEN, W., BAI, X., ROCKSTRÖM, J., (2022). Towards a green water planetary boundary. Nature Reviews Earth & Environment. [online] [viewed 17 August 2022] Available from: https://doi.org/10.1038/s43017-022-00287-8

WHO, 2015. Biodiversity and Health [online] World Health Organization [viewed 17 August 2022] Available from: https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/biodiversity-and-health

ZOOLOGICAL SOCIETY OF LONDON, 2020. Living Planet Index [online] [viewed 17 August 2022] Available from: http://stats.livingplanetindex.org/

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