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répondre aux discours de l'inaction climatique

Répondre aux discours de l’inaction climatique

Répondre aux discours de l’inaction climatique

Répondre aux discours de l’inaction climatique

Cet article a été co-rédigé par Florian Doyen et Harald Lhomme. Harald est consultant en stratégie climat pour les entreprises, engagé auprès du MEDEF 21 sur ces sujets, animateur de la fresque et il publie régulièrement sur LinkedIn.

👥 Qui sommes-nous ?

Salut, moi c’est Harald Lhomme. Un gars qui rêvait de devenir pilote d’avion et qui a fini par devenir ingénieur. Ingénieur généraliste à dominante industrielle avec mes études à IMT Mines Albi. En sortant d’école, j’ai subi une démonstration du problème écologique par Aurélien Barrau. “L’utilisation exponentiellement croissante des ressources dans un monde de taille finie, cela n’est pas possible. Cela n’est pas durablement possible. En physique, on appelle cela une instabilité. Et un système instable, c’est un système qui va crasher.”

Après ça, ma vie n’a été que recherche de la compréhension du problème afin de pouvoir y apporter des solutions. C’est pour ça qu’aujourd’hui, je suis consultant auprès des entreprises pour intégrer les enjeux climatiques dans leur stratégie. Je suis également conscient qu’il y a un manque de connaissances générales sur ces sujets. Et c’est pour ça que je suis tous les jours sur LinkedIn afin de démêler tout ça.

Hey, moi c’est Florian Doyen. Après des études en informatique, notamment développement web et plusieurs années de salariat et de freelancing, j’ai shifté pour participer activement à la transition environnementale. C’est désormais pour moi inconcevable de faire autre chose que de l’écologie, puisqu’on la retrouve partout, dans tous les domaines, et que les enjeux sont trop énormes pour passer à côté. Je suis désormais conseiller environnemental, militant écologiste et je rédige des articles sur ce média, On va tous mûrir, que j’ai créé à l’occasion afin d’y traiter de l’écologie de manière transversale, avec une touche de justice sociale, bien souvent oubliée dans les débats. 

🤔 Pourquoi cet article ?

Parce que le consensus scientifique sur la question climatique n’est toujours pas un consensus politique ou sociétal. En effet, les scientifiques et les membres des gouvernements qui prennent part à la rédaction des rapports du GIEC affirment qu’il est maintenant “indiscutable que le réchauffement climatique actuel est d’origine anthropique”.

A l’inverse, il n’existe pas, depuis 2007, de consensus sérieux d’ampleur national ou international contestant l’origine anthropique du dérèglement climatique.

Sauf que, à l’échelle mondiale, seul 72% des personnes pensent que nous vivons un épisode d’urgence climatique selon ce rapport  du PNUD en collaboration avec Oxford.

De la même manière, en France, ce rapport de 2021 de l’ADEME montre une certaine forme de scepticisme autour du sujet. 

↪ A la question sur le consensus scientifique : 34% des français pensent qu’il n’existe pas.

↪ A la question sur l’évaluation des risques : 27% pensent que les scientifiques exagèrent.

↪ A la question sur la cause du dérèglement climatique : seulement 59% sont sûrs qu’il s’agit de l’effet de serre.

↪ A la question sur l’origine anthropique : 22% pensent que c’est un phénomène naturel.

C’est pourquoi, dans cet article, nous allons démystifier 10 discours récurrents autour du réchauffement climatique actuel.

Discours N°1 : Le réchauffement est naturel et cyclique 🙄

✅ Oui, il existe des cycles de réchauffement et refroidissement de la Terre qui sont naturels. L’orbite de la planète ayant tendance à fluctuer sous l’incidence d’autres planètes, cela influe sur le climat terrestre. Ces fluctuations étant régulières, on les appelle cycles. Et comme le scientifique qui en a découvert les 3 paramètres s’appelle Milankovitch, on les nomme “Cycles de Milankovitch”.

Les 3 paramètres qui influent sur le climat terrestre sont :

  • L’excentricité, qui est liée aux variations de la distance Terre-Soleil.
    Elle varie selon un cycle allant de 100.000 à 400.000 ans.
  • L’obliquité, qui rend compte de l’inclinaison de la Terre.
    Elle varie selon un cycle de 40.000 ans.
  • La précession, qui modélise le comportement de toupie de la planète.
    Elle varie selon un cycle de 20.000 ans.

Source : Wikipédia –   Robert A. Rohde from publicly available data, and is incorporated into the Global Warming Art project.

❌ Mais cela n’explique pas le réchauffement actuel.

Aujourd’hui, on parle d’un réchauffement de l’ordre de +5°C de moyenne pour la planète en environ 200 ans. Pour obtenir ces +5°C avec les cycles naturels de Milankovitch, il faut environ 10.000 ans. C’est d’ailleurs ce qui nous a sortis de la dernière période glaciaire. Et c’est bien là le nœud du problème : la faune et la flore ne peuvent pas s’adapter en si peu de temps, là où elles le pourraient en 10.000 ans. 

Discours N°2 : Le réchauffement est dû au Soleil 🌞

✅ Oui, le soleil est la principale source d’énergie de notre planète. Et, oui, le Soleil connaît aussi des variations de luminosité qui influent sur notre climat. 

Le Soleil connaît des cycles de luminosité du fait de son fonctionnement interne (magma en fusion) et cela influe sur notre planète via une luminosité qui varie selon un cycle de 11 ans.

❌ Mais cela n’explique toujours pas le réchauffement actuel. Car si le soleil était la cause du réchauffement, celui-ci devrait suivre une fluctuation de 11 ans et ce n’est pas le cas sur les observations.

✅ Oui, le Soleil est une étoile qui grossit de plus en plus et sa luminosité augmente au fur et à mesure des réactions de fusion à raison de +7% par milliard d’années. Il en finira même par faire évaporer tous nos océans dans 2 milliards d’années et par absorber notre planète dans 8 milliards d’années.

❌ Mais, 7% par milliard d’années, c’est bien plus lent que le rythme de réchauffement actuel.

Quelque soit le phénomène étudié, ce n’est pas le Soleil qui est en cause du réchauffement actuel.

Discours N°3 : On n’a pas de preuve du réchauffement. On a eu un été pourri en 2021 🌧

❌ Le réchauffement climatique est avéré et confirmé par des milliers de stations météorologiques à travers le globe. Si l’on prend les données des 30 stations météorologiques de France le 03 mai 2023, voilà ce que ça donne.

Source : FranceTVinfo sur données de Météo France.

La multiplication des canicules et le fait qu’elles deviennent de plus en plus intenses est aussi une preuve que la température moyenne est en train d’augmenter.

✅ Oui, on a eu un été 2021 en France qui était pluvieux et froid.

❌ Mais, il ne faut pas confondre météo et climat. Ce sont deux choses bien différentes.

La météo se limite à une zone géographique et une période limitée alors que le climat considère le globe sur 3 décennies.

En l’occurrence, il faisait “froid” en France en 2021 mais le reste de l’Europe succombait aux canicules extrêmes et aux incendies ravageurs.

Considérer que sous prétexte qu’il fasse froid dans une région ou un pays permet de réfuter un quelconque réchauffement climatique est une erreur. Tout comme c’est une erreur de considérer que l’on est en bonne santé sous prétexte que nos ongles sont plus beaux qu’avant alors qu’on a 39°C de fièvre depuis 5 jours. Lorsque nous grimpons à 38°C de température, nous sommes malades. Pour la planète, c’est la même chose !

Discours N°4 : Il a déjà fait beaucoup plus chaud dans le passé 🥵

✅ Oui, la planète a déjà connu des températures beaucoup plus élevées qu’aujourd’hui. Il y a 60 millions d’années, lors du Maximum thermique du passage Paléocène-Eocène, la planète était 12°C plus chaude que la moyenne 1960-1990. Bien plus que les +5°C possibles pour la fin du 21ème siècle. La cause probable de ce réchauffement rapide serait la fonte du permafrost de l’antarctique. Les conséquences sont multiples et vont du changement des circulations océaniques et un renouvellement des espèces de mammifères.

❌ Mais on ne peut pas se permettre de comparer les 2 époques. Il faut se rappeler que le genre homo remonte à 3 millions d’années en arrière. Bien loin de cette époque. 

Le seul intérêt que nous apporte cet épisode climatique terrestre est le suivant 👇

L’impact de ce réchauffement rapide aurait des causes dans la fonte du permafrost (qui est en train de dégeler actuellement). Mais surtout, ce réchauffement a engendré un renouvellement des espèces terrestres. C’est donc un épisode qui doit nous alerter sur le risque planétaire en cours.

Ce qui est évoqué, ce n’est pas l’existence d’un réchauffement climatique insolite, mais la rapidité déconcertante à laquelle il s’est produit. Et nous allons encore plus vite aujourd’hui. 

Discours N°5 : C’est trop tard, on va tous mourir 💀

❌ Malgré les boucles de rétroaction et les points de bascule écologiques, il n’existe rien de binaire dans la crise écologique que nous sommes en train de vivre. Il n’y a pas un moment où tout va bien et un moment où tout va mal. C’est un processus progressif dans lequel nous sommes tous embarqués. Ce qu’il faut comprendre, et au moins pour le climat, c’est que chaque geste pour réduire nos émissions compte. Car chaque tonne de CO2 qui n’ira pas dans l’atmosphère, c’est des degrés de réchauffement futur qui n’existeront pas. 

Chaque geste compte, chaque choix compte mais, plus on s’y prend tard, pire ce sera.

✅ C’est un fait. Les êtres humains ne sont pas immortels. Nous mourrons tous un jour où l’autre. Mais entre-temps, nous grandissons pendant notre jeunesse et notre adolescence. Puis, nous arrivons à une limite physique. Mais nous pouvons continuer de grandir (psychiquement) et devenir sages. C’est exactement ça dont il s’agit pour notre société qui a connu sa phase adolescente avec sa forte croissance. Il s’agit maintenant de devenir sage, de mûrir

Discours N°6 : Il suffit de planter des arbres 🌳

✅ Oui, il faut planter des arbres. Et, dans la mesure du possible, éviter de couper ceux qui existent déjà. Et, encore mieux, préserver toutes les forêts primaires de la planète. C’est-à-dire toutes les forêts qui ne sont pas gérées par l’homme. Toutes celles qui ne ressemblent pas à des champs d’arbres.

❌ Mais il ne faut pas croire que “ça suffit”. C’est une condition nécessaire mais pas suffisante pour atteindre la neutralité carbone. Pour atteindre la neutralité carbone, il faut faire 3 choses dans cet ordre précis : 

  1. Réduire ses propres émissions de carbone
  2. Aider les autres à réduire leurs propres émissions
  3. Compenser le reste. C’est-à-dire ce qui est irréductible (comme les gaulois).

Planter des arbres arrive seulement dans ce 3ème pilier. Et il faut encore garder à l’esprit que nous vivons avec un climat qui se dérègle et qu’il est possible que les arbres plantés ne survivent pas. Il faut donc s’assurer que les labels de compensation carbone soient raisonnables et sérieux, et ne pas faire comme le Label Verra.

Discours N°7 : Les biocarburants sont la solution miracle 🎑

✅ Les biocarburants sont une solution pour décarboner le secteur du transport qui fonctionne essentiellement à base de pétrole. En France, ce secteur représente 30% des émissions nationales avec 139 millions de tonnes de CO2 en 2017. Le potentiel est donc très intéressant si il est couplé avec des véhicules efficients, un usage en covoiturage et un report modal vers les transports en commun. 

❌ Mais les biocarburants ne sont pas LA solution. En effet, la production de biocarburants de première génération entre en concurrence avec les usages alimentaires et notamment responsable de la volatilité des prix des céréales. Et si ces carburants sont produits à la suite de déforestation, c’est encore pire sur leur impact carbone que du pétrole. 

Discours N°8 : La fonte de la banquise va nous engloutir 🧊

❌ Non, la fonte de la banquise ne fait pas monter le niveau de la mer. Pour vous convaincre de ça, je vous invite à faire une petite expérience chez vous. 

  • Prenez un verre d’eau et remplissez-le aux ¾.
  • Notez le niveau avec un marqueur. [1]
  • Ajoutez 2 glaçons (ils ne doivent pas toucher le fond)
  • Notez le nouveau niveau. [2]
  • Mettez un couvercle et attendez que les glaçons fondent.
  • Notez le niveau. [3]

Normalement, le niveau [2] et [3] sont les mêmes. Celà est dû à la plus faible densité de la glace et au phénomène de la poussée d’Archimède. Et il se passe la même chose au pôle Nord avec la banquise car il s’agit de glace qui flotte sur l’eau.

✅ Mais, par contre, la fonte des glaces sur les terres (les glaciers) va faire monter le niveau des mers. Car, dans ce cas, il s’agit du même phénomène que lorsque l’on passe de [1] à [2] : on ajoute de nouveaux éléments dans le verre / la mer et cela fait monter le niveau d’eau. La fonte complète du Groenland ferait monter les océans de 7 mètres et de 50 mètres environ pour l’Antarctique.

Source : IPCC_AR6_SYR_LongerReport_figure3.4

Discours N°9 : C’est la faute aux africains et aux chinois avec leurs taux de natalité 👶

✅ Oui, la population mondiale augmente et c’est un facteur qui accentue les pressions écologiques de toutes formes sur l’environnement. La population mondiale a d’ailleurs dépassé les 8 milliards d’habitants en 2022. Et si l’on évoque les enjeux de population par rapport au réchauffement climatique, il faut pouvoir avoir à l’esprit l’identité de Kaya qui met en évidence le facteur de population mais aussi celui de la pollution par habitant.

Nous devons aussi avoir à l’esprit que de nombreux pays en voie de développement voient d’un mauvais œil notre industrialisation et notre confort de vie et souhaitent arriver à notre niveau… Difficile de leur en vouloir. Nous devons pour notre part décroître et permettre aux pays en développement de continuer de croître en évitant de reproduire nos erreurs en planifiant dès aujourd’hui leur transition écologique.

❌ Et si on ouvre la porte des émissions par habitants, il faut pouvoir se poser la question de la justice et admettre que les niveaux de pollution doivent être également répartis sur la planète avec environ 2 tonnes de CO2 par an et par habitant. 

Et, selon ce critère, les sociétés industrialisées sont celles qui devront agir en premier pour réduire leurs émissions. Car elles sont bien au-dessus de cet objectif. Exemple : En France en 2019, le niveau était à 10 tonnes de CO2 par an et par habitant.

Discours N°10 : On a besoin de croissance économique pour s’en sortir 💲

✅ C’est déjà admettre qu’il y a un problème, c’est déjà ça…

❌ Mais, c’est aussi croire que la cause du problème sera la solution. 

« On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré » – Albert Einstein.

Si l’on se cantonne au problème du climat, les émissions de CO2 proviennent de notre combustion de ressources fossiles. Elles mêmes utilisées comme source d’énergie pour notre économie (elles en constituent le sang). Et comme on vise la croissance économique, on a besoin de plus en plus d’énergie et on émet plus de CO2

Admettons alors que notre sang économique repose à 100% sur des énergies non carbonées. Nous aurions toujours des problèmes avec la biodiversité, la déforestation ou le besoin de terres. 

“Même avec un bulldozer fonctionnant à l’énergie solaire, je peux raser la forêt amazonienne. Aurélien Barrau.

Si l’on illustre ça avec des chiffres, voilà ce que ça donne si l’on cherche +2% de croissance par an :

  • En 2023, recouvrir le Sahara de panneaux photovoltaïques
  • En 2480, recouvrir la planète de panneaux PV
  • En 3600, récupérer toute l’énergie du Soleil via des panneaux PV
  • En 3635, rajouter une autre étoile
  • En 3670, rajouter 2 autres étoiles
  • En 4000, récupérer l’énergie de toutes les étoiles de la Voie Lactée.

Question : la croissance économique est-elle la solution ou la cause des problèmes environnementaux ?

Conclusion / Prise de hauteur

A travers ces 10 discours que l’on peut régulièrement entendre à propos du dérèglement climatique, on a pu éclaircir quelques points d’ombres pour préciser les discours qui font, souvent et sûrement inconsciemment, des raccourcis.

On a pu retrouver 2 grands types de discours avec ceux qui dénigrent le consensus scientifique, qui cherchent à semer le doute dans l’opinion sur la nature humaine du réchauffement actuel ou qui cherchent à minimiser le problème.

Mais également ceux qui font preuve de “rassurisme” en se déresponsabilisant des causes du problème en mettant en exergue celle des autres ou en faisant foi d’un fort optimisme sur la capacité d’innovation humaine.

Cet article tente de répondre scientifiquement mais synthétiquement à des discours ralentissant la transition écologique. Pour connaître des réponses plus courtes à certains de ces discours ou en découvrir d’autres, on vous conseille l’excellente application de Bon Pote : Le dîner (écolo) du siècle.

💡 Lorsque le sujet du climat ressort lors de prochains apéros ou dîners, repensez à cet article, il pourrait vous être utile. Et si vous entendez d’autres discours, n’hésitez pas à nous en faire part pour qu’on ajoute ça ! 😉

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